vendredi

livre-amant

Elle aime les livres -ce n'est pas un secret.
Bien sur (ce n'est pas si évident) elle aime l'action qui s'amorce, qui se tend, qui se noue et se délove, l'orgasme si vite digéré de la révélation, le récit qui s'écoule et s'étend comme une eau dormante. Elle n'en est jamais repue, elle mache à peine ces mots, notant pourtant ci et là la saveur d'une tournure ou -mieux, plus valorisant- d'une allusion. La couverture aspire son oeil, l'auteur, inconnu ou pas, éveille une musique en elle, le titre la touche, elle goute la quatrième de couverture...
Enfant elle souhaitait -était inconsciemment convaincue- de vivre dans un livre qui peindrait la réalité.
Mais rien ne la réjouit tant que la profusion de livres ; librairies, bibliothèques communales, ou vieilles comme les pierres, collections, marchés aux livres anciens, tout cela la ravit, la met en transes. En son fort intérieur elle fait le souhait hypocrite de tout pouvoir lire. Mais surtout elle attrappe au hasard, elle enfouit son nez entre les pages avec délices..le plaisir l'envahit en meme temps qu'une odeur défraichie, sèche, ou au contraire glacée -comme le papier- une odeur d'imprimerie, d'encre fraiche. Elle traque les grains de sable, les fleurs séchées, ou meme les miettes, les petits insectes, prisonniers du livre. Il lui est déjà arrivé de manger un petit volume, pages par pages -pateux mais bon, meme gout qu'odeur.
Elle ne sait pas trop jusqu'où tout ça l'a phagocytée. Elle ne veut pas le savoir.

jeudi

"About my social life, I found out that I was never feeling alone since I had a book with me - and then I thought of suicide."

Le bouquin est l'ami, le confident, ou meme l'interlocuteur banal de l'asocial intello (si, si, celui qui se colle dans son coin avec un stephen king).
Cela peut paraitre bizarre, voire malsain.
Mais...
On peut aller beaaaucoup plus loin.