dimanche

My point - not

Maybe that's were it all started ; Mulholland drive.
The kind of road that's lost in time and space, dixit David Lynch himslef.
But I won't tell you about that kind of americanish considerations : mythical roads, mythical places, we're-proud-to-be-in-mythical-america, all that is not my point.
I'm talking about the things you feel when you first see the man of behind Winkies, during all these moments of uncertainty, between the passing-by cowboy, the decomposing corpse, and that so brief and violent "this is the girl".
So weird to be contemplating through this movie, your own thoughts and impressions of a post-sleeping time, when you feel relaxed, or to the contrary uncomfortable, without knowing why, only catching a glimpse of 'it' behind some desperately impenetrable haze. You know but you don't ; can but can't.
Watch, think, interpret, walk, love, read, the feeling'll still be there.

Pour les froggies : pardon, mais j'avais tellement peur d'écrire une connerie sur Mulholland drive que je l'ai faite en angliche.
Pour les rosbifs : here it is, as promised...well is rather mauvais, does that counts ? -_-

mercredi

Are teenage dreams so hard to beat ?


Scène urbaine : Un terrain de sport. Des jeunes filles en survêtements jouent au handball. Leurs corps nubiles bougent en un tout dynamique, gracieux et maladroit à la fois : certaines déjà formées, bousculent, frappent dans les règles, ont des mouvements félins, puissants, tranchant sur la foule des fillettes malhabiles, empruntées dans l’exercice physique. Une autre, à coté du carré de bitume, « arbitre », c’est-à-dire qu’elle court un peu partout en soufflant de temps à autre dans un sifflet qu’elle arbore fièrement autour du cou.
Mais voilà une dizaine de minutes qu’elle a lâché la balle des yeux.
Elle regarde celle, assise par terre, qu’on a oubliée, qui bouge trop maladroitement, mini-femme noyée dans trois épaisseurs de vêtements noirs, les yeux trop charbonnés, repliée sur elle même. Elle la connaît : elle s’appelle Camille. Elle la regarde. Elle rougit.

I wanna hold her, I wanna hold her, I wanna hold her tight,
Get teenage kicks right through the night…

Scène banale : Toilettes des filles d’un collège. Ça se repoudre face aux rares glaces intactes, ça peste en verlan sur la saleté du lieu, ça gazouille, ça pousse de petits cris aigus dès que la porte s’entrouvre, ça compare les sous-vêtements, et les vies ; ambiance parfum bon marché, sueur fraîche et canard vécé. Là on dirait Châtelet-les-halles à 6h du soir, mais tout à l’heure ça ressemblera à un désert du saël javelisé. Y a une fille qui sort d’une des cabines (paradoxalement peu usitées), elle a l’air bizarre, elle est un peu pâle, sauf aux pommettes – là sa peau est très rouge. Sur son dos son sac fait un gros bloc carré de bouquins, de savoir potentiel, la poche de devant est entr’ouverte, elle s’en rend pas compte. Voilà, elle se fraye timidement un chemin jusqu’aux lavabos, elle se lave les mains sous l’eau (ça aussi c’est rare, pas de savon), et puis elle sort, d’ailleurs d’habitude elle évite autant que possible les toilettes du premier.

I need excitement oh I need it bad
And it’s the best I’ve ever had

Scène urbaine : Trois jeunes zonent sur une barrière près du terrain de sport. Ils sont habillés à leur mode, casquette laposte, , chaussures adadas, survêtements nik(é) avec les chaussettes par dessus. Il parlent de leur vie, et de 'ouah comment elle est bonne Sabrina'. A côté d'eux, des adolescentes font du hand. 'C'est des petites filles', elles ne méritent pas d'interêt. Juste la fille en noir qui ne sait pas courir et celle en blanc, un peu mouillée. Un individu arrive, il a le tort d'écouter du rock, d'avoir les cheveux longs et de s'habiller old-fashion. 'Hey t'es une fille ou un garçon ?'. Pas de réponse. 'Mais le fais pas chier tu vois bien que c'est une fille'. J’m'en fous. J'ai l'habitude. Je ne réponds pas. Je les méprise. Bien profond. Le jeune continue sa route. C'est trop un plouc ce type. Pas la peine de chercher les emmerdes. Les jeunes continuent de zoner. Le jeune continue sa route. Happy end ? 'Ouais elle est grave bonne Sabrina'.

Have her over, ‘cause I’m all alone…

Genre d'exercice, mi-scène vue, mi-réminiscence, à partir d'un joli tube.
Guest : léyo

Bon, on reprend, 1-2-1-2

Heu...on va arrèter le délire papivore.
Nouveau modèle, et youpi.

lundi

Mange, mange, mange, tu sais pas qui te mangera, et si t'as encore faim, mange donc ta main et garde l'autre pour demain -et surtout mâche bien... n'est-on pas ce que l'on mange ?
Réfléchis, tu attrapes à pleines mains (pleines fourchettées), goûte, déchire... Ce que tu inclus en toi devient toi ; tu construis tes chairs vives avec celles mortes d'autrui, qui s'est retrouvé dans ton assiette, la faute à pas d'chance.
Mais alors...
Quelle est le devenir, dans la meme logique, du son qui pénètre en toi, parfois à ton insu ? Sens ton corps qui en résonne, n'est-ce pas toi qui vibre à l'unisson ? Et cette image qui bouge, n'est-elle pas happée par ton oeil avide de stimulations ?

Et alors !

Et alors que devient le mot ! Et alors que devient le mot ? Le mot est comme toute ces choses à la fois, il goute, tient en bouche, est âpre, doux, amer, sucré, acide, on le dit avec les lèvres, la langue, on le gargarise. Mot aussi l'écho d'une image, qui devient sorte de verre rempli d'un liquide subtil, éthéré, évasif, dont la quantité est calculée minutieusement, et que l'on choque un instant. Et est mot ce tintement.
Boire cet éther ? Une sensation, un frisson qui le temps d'y penser passe, et que digèrent esprit et corps mélés.

Bon appétit.

mercredi

Alcool

Il se lève. L'air perdu il passe ses mains sur son visage brouillé, masse les larges cernes sous ses yeux rougis ; lendemain de nuit blanche (trouble). Une de plus. Une de trop. Il regarde autour de lui : il y en a partout ; le sol en est jonché, les étagères en sont pleines, le bar de la cuisine américaine est tout simplement devenu invisible tant il en est chargé, et il est certain qu'il lui suffirait de regarder sous son lit pour en trouver encore. Tout ce petit monde a des airs de chansons de la veille...
Il glisse au bas de son lit, titube jusqu'à la cafetière en les évitant ; pendant que l'odeur de matin envahit la pièce, il considère les cendriers semés ci et là, décide qu'il rangera plus tard et allume une sèche. Pourquoi ne pas ouvrir la fenètre ? Il boit un café, trop amer, qui dissipe dans sa bouche un goût pâteux. L'air ambiant fraîchit petit à petit, mais au lieu de refermer la fenètre il retourne vers son lit. Depuis combien de temps ça dure ? Il faudrait arrêter, faire taire en lui cette voix qui demande, qui réclame toujours plus cette ivresse. Essayer de se souvenir la dernière fois où il n'est pas sorti pour aller s'approvisionner... à la librairie.
La librairie ?
Il en ramasse un par terre. Tant pis, on verra plus tard pour les remords et les résolutions. Il lit.

vendredi

livre-amant

Elle aime les livres -ce n'est pas un secret.
Bien sur (ce n'est pas si évident) elle aime l'action qui s'amorce, qui se tend, qui se noue et se délove, l'orgasme si vite digéré de la révélation, le récit qui s'écoule et s'étend comme une eau dormante. Elle n'en est jamais repue, elle mache à peine ces mots, notant pourtant ci et là la saveur d'une tournure ou -mieux, plus valorisant- d'une allusion. La couverture aspire son oeil, l'auteur, inconnu ou pas, éveille une musique en elle, le titre la touche, elle goute la quatrième de couverture...
Enfant elle souhaitait -était inconsciemment convaincue- de vivre dans un livre qui peindrait la réalité.
Mais rien ne la réjouit tant que la profusion de livres ; librairies, bibliothèques communales, ou vieilles comme les pierres, collections, marchés aux livres anciens, tout cela la ravit, la met en transes. En son fort intérieur elle fait le souhait hypocrite de tout pouvoir lire. Mais surtout elle attrappe au hasard, elle enfouit son nez entre les pages avec délices..le plaisir l'envahit en meme temps qu'une odeur défraichie, sèche, ou au contraire glacée -comme le papier- une odeur d'imprimerie, d'encre fraiche. Elle traque les grains de sable, les fleurs séchées, ou meme les miettes, les petits insectes, prisonniers du livre. Il lui est déjà arrivé de manger un petit volume, pages par pages -pateux mais bon, meme gout qu'odeur.
Elle ne sait pas trop jusqu'où tout ça l'a phagocytée. Elle ne veut pas le savoir.

jeudi

"About my social life, I found out that I was never feeling alone since I had a book with me - and then I thought of suicide."

Le bouquin est l'ami, le confident, ou meme l'interlocuteur banal de l'asocial intello (si, si, celui qui se colle dans son coin avec un stephen king).
Cela peut paraitre bizarre, voire malsain.
Mais...
On peut aller beaaaucoup plus loin.