mardi

Des fois, c'est un moment parfait et complet.
Et en plus j'ai du papier et un crayon.

Voici deux jours que nous sommes à Rome et je dors à la belle étoile. Un lit pliant sorti sur le toit en terrasse, je suis alongée, à regarder un plafond tout bonnement inexistant. C'est si formidablement incongru, ces deux situations combinées, que j'en éclate parfois de rires qui s'envolent aussitôt bien loin...
Partout autour, Rome, un océan de toits et d'antennes, fichées au-dessus de murs ocres, ci et là, les ramures d'un platane, d'un arbousier, d'un pin parasol, quelques clochers pour parachever l'ensemble.

Stratavere.

On entend confusément la rumeur d'une rue piétonne, où les gens mangent sur des tables sorties, en faisant s'entrechoquer verres, assiettes et couverts. Tout-à-l'heure est venu un violoniste qui a consciensieusement massacré Les Yeux Noirs. De temps en temps passent une mouette, un avion, une minuscule chauve-souris. Il y a dans l'air des odeurs de plats mijotés, et de buis, et de sève. Oh, ce plafond !...

Il y a trop et trop peu à dire, tout en ces mots : voici deux jours que nous sommes à Rome, et je dors à la belle étoile. Je n'ai plus envie d'écrire, il faut que je regarde...


Our trip is reaching its end, as I'm writing you. I'm sitting on a tiny hill, near Velettri, in the far suburbs of Roma ; around me, there are vineyards til you can no longer look ; and though the wind is as warm as a breath - smelling of olives, grass and grapes - I'm leaning on the freshest lawn, in the difficultely found shade of an olive tree.
If only you could hear the wonderful silence that is - in that very moment - mine ! Only broken, from times to times, by the soft breeze, some bees, or the further echoes of human activity.
Aujourd'hui j'ai 18ans.