mardi

Des fois, c'est un moment parfait et complet.
Et en plus j'ai du papier et un crayon.

Voici deux jours que nous sommes à Rome et je dors à la belle étoile. Un lit pliant sorti sur le toit en terrasse, je suis alongée, à regarder un plafond tout bonnement inexistant. C'est si formidablement incongru, ces deux situations combinées, que j'en éclate parfois de rires qui s'envolent aussitôt bien loin...
Partout autour, Rome, un océan de toits et d'antennes, fichées au-dessus de murs ocres, ci et là, les ramures d'un platane, d'un arbousier, d'un pin parasol, quelques clochers pour parachever l'ensemble.

Stratavere.

On entend confusément la rumeur d'une rue piétonne, où les gens mangent sur des tables sorties, en faisant s'entrechoquer verres, assiettes et couverts. Tout-à-l'heure est venu un violoniste qui a consciensieusement massacré Les Yeux Noirs. De temps en temps passent une mouette, un avion, une minuscule chauve-souris. Il y a dans l'air des odeurs de plats mijotés, et de buis, et de sève. Oh, ce plafond !...

Il y a trop et trop peu à dire, tout en ces mots : voici deux jours que nous sommes à Rome, et je dors à la belle étoile. Je n'ai plus envie d'écrire, il faut que je regarde...


Our trip is reaching its end, as I'm writing you. I'm sitting on a tiny hill, near Velettri, in the far suburbs of Roma ; around me, there are vineyards til you can no longer look ; and though the wind is as warm as a breath - smelling of olives, grass and grapes - I'm leaning on the freshest lawn, in the difficultely found shade of an olive tree.
If only you could hear the wonderful silence that is - in that very moment - mine ! Only broken, from times to times, by the soft breeze, some bees, or the further echoes of human activity.
Aujourd'hui j'ai 18ans.

dimanche

Fargo je trace sur l'écran des lettres à petits coups. Comme des pas, dans la neige, comme des taches de sang, sur le carrelage d'hôpital, comme de la saleté, sur un comptoir en stuc blanc. Oh, oh, oh, comme un rythme folk joué à la guitare sèche, qui suit sans qu'on le remarque la voix posée, oh douce, parfois elle-même insipide.

samedi

La rumeur a tort... Je ne suis pas exactement morte.

dimanche

- Où est-ce qu'on va ?

-Mais t'occupe ! viens.



samedi

Quoique j'en descende, ma bière se réchauffe instantanément dans son bock ; elle ne daigne pas tracer de ronds d'humidité sur le comptoir en verre, lui-même tiède et moite. Il y a bien longtemps que la dernière bulle s'en est échappée, effervescente et moqueuse.
Sur les hauts tabourets avoisinants, distinguées ici et là, des silhouettes de femmes ; fantômes. Des promesses trompeuses, des avatars du plaisir, toutes boivent beaucoup, toutes ont un anneau à l'annulaire - ah, lueurs diminuées sur leurs poitrines... Froides et décoratives prolongeaisons des sièges où vous trônez ; femmes glacées.




Chaperon Rouge

C'est l'histoire d'une petite fille qu'on avait mis dans un flacon. Pas tout à fait comme l'aurait fait le marin du petit bateau, comme il rentre coûteusement de petits morceaux d'allumettes dans l'étui de verre, imprimant une soudaine, suprenante et par là infiniment précieuse délicatesse à ses doigts gourds et rouges ; non, au contraire : elle avait été broyée, avec toutes les dégueulasseries sanglantes que ça suppose, par une machine en nickel-chrome-sang-séché, qui toute son existence de machine n'avait vu que des organismes entiers dans son amont, et du broyat dans son aval. Entre les deux, des crissements d'os et de chair, si rapprochés et automatiques qu'ils en devenaient un ronronnement métallique.

Ça s'était passé le jour de la fète « ammenez-vos-enfants-avec-vous-au-travail » ; il se trouvait que le père de la petite occupait une place insignifiante dans l'usine de corned-beef locale, et qu'il l'avait invité à admirer la grosse machine à transformer les vaches en gelée de groseilles, en se penchant, agrippée au garde-fou bien sûr – garde-fou en question prévu au demeurant pour des personnes adultes (c'est-à-dire, qui ont perdu l'habitude d'éclater en petits « meuh ! » tout doux chaque fois que passe un ruminant). En meuglant avec tendresse, la petite fille tomba, et passa entre les vis sans fin de la broyeuse, avec beaucoup d'empathie et d'obligeance, donc. Pas un cri n'interrompit le ronflement ambiant ; en un clin d'oeil ça y était.

Il faut tout de même dire – à son avantage – que la mécanique coupable, tout au long de son processus de sacrifice automatisé, était restée très digne. Une vraie Parque en miséricorde, qui si elle avait eu un oeil et une main, aurait écrasé quelques larmes, lasse et désespérée d'être depuis toujours l'éxécution et l'allégorie du destin. Triste aussi de faire de la peine à un chouette type qui s'occupait si bien d'elle, comme d'une vieille cocotte dont plus personne ne veut, lui passant de l'huile, la faisant reluire tous les vendredis soirs – elle espèrait bien que le charmant homme ne lui en tiendrait pas trop de rancune.

Vrrr, scritch, sproutch, vrrrr. À défaut de rejoindre l'enfant et de répandre doublement son propre sang, le père met en panne l'engin, descend quelques marches de fer jusqu'au tapis roulant qui emporte son produit, et là peut se mettre à genoux sur le sol rouge, crier, s'arracher les cheveux, bafouiller des pleurs d'incrédulité, débile dans la douleur subite... Et puis, tout de même, il faut bien recueillir la rejetonne. Il y va, sans précautions – largement même, dans les pognes de son paternel la fillette a Blanchette ou Marguerite pour compagnes. Toujours plein d'hébétude, sans appeler, l'ouvrier consciencieux quitte le lieu de travail bien avant les 19h30 préconisés.
L'enfant-broyat s'est retrouvée dans une petite bouteille (sa chair n'aura jamais pris beaucoup de place), toute choisie sur laquelle on a collé avec amour une petite étiquette, et une croix argentée. Sur le buffet dans la cuisine-salle-à-manger-salon. Le petit frère qu'on lui a fait depuis, par désœuvrement, l'a ouverte quelquefois, ça a le même goût que le viandox chaud qu'on lui sert quand il tousse.

jeudi

BTW...







Des fois, je dessine des gens...
























Et en fait, c'est pas eux. Ah la feinte !

dimanche

Minute Superflue

away for some weeks,
have fun, fesez des yodels !

jeudi

???
Le post précédent n'est pas de moi...
Happy Monster, qui es-tu ?

mercredi

The Happiest Monster

fun

samedi

Tu ne te rends pas compte.
Là-bas, ils seront partout. Toi, tu en a croisé peut-être une dizaine, tu les as reconnu à leur façon si particulière de marcher, ou de se tenir immobile. Si tu étais avec quelqu'un à ce moment, juste après avoir passé l'un d'entre eux, vous vous regardiez avec des airs entendus, et finissiez par éclater de rire, en leur inventant des surnoms. Si tu avançais solitaire, tu les épiais, des moqueries au coin de l'esprit. Toujours, dans ces moments, ils étaient des passants : ils ne venaient de nulle part, étaient seuls, et allaient ailleurs. Des spécimens persistant d'une minorité risible. De jolis indigènes, décoratifs comme tout. Là où tu iras, ils ne passeront plus sans s'arrêter. Ils seront dans un endroit qui leur appartient. Ils seront autour. Ce sera eux la foule ; toi, parmi eux. Et ils te regarderont, avec leurs visages aux formes étirées. Ils te regarderont, et ils auront toujours un certain rictus au coin des lèvres. Puis quand ils t'auront bien contemplée, jusqu'à te voir au travers, ils toucheront, le tissu des vêtements qu'on t'aura donné, et ta peau pour savoir si elle est bien comme la leur : froide, lisse, un grain très fin oui, contours aux os saillants juste ce qu'il faut pour que cela soit esthétique. Leurs mains et les masses conglomérées de leurs corps chercheront ce que leurs yeux n'auront pas pu atteindre. Plus méfiants, certains approcheront leurs narines et humeront tout ce qui ce dégage de toi. Tu ne doit pas être surprise, ils passeront leurs nez sur tes bras, ils s'arrêteront un peu aux aisselles et au cou, derrière les oreilles, puis ils parcoureront ton visage. C'est-à-dire, ta bouche, serrée par l'angoisse, tes propres narines, expirant parfois, l'air que tu n'arrivera plus à contenir, et puis ton front, suant, parsemé de mèches de cheveux ; ton visage immobile, fermé, comme dans l'expectative d'un gnon. Crois-moi, ils se détourneront d'un air dégoûté.
Je t'aurais au moins prévenue. Je t'aurais prévenue, oui, même si ça ne sert à rien, même si je sais que quand je te reverrais, tu seras maigre et pâle, ton ossature artistiquement dessinée apparaissant entre tes vêtements, à te promener dans une cour, le menton levé, des cernes sous les yeux.


Hey les koupins, c'est gentil de s'inquiéter pour moi, mais l'école où je vais l'an prochain, je compte y bosser, sans passer par le processus de nappy-pi-sation :)

lundi

Mangez du Papier




mardi

Pendant ce temps, au Luzard

Parce qu'en plus c'est un grooos garçon... Tu vois, vraiment. Il -quoi ?- oui c'est peut-être un moyen de se protéger ; c'est surtout qu'il est très angoissé, tu vois, et il doit manger un peu n'importe quoi, et puis sa famille... Il doit manger beaucoup de pâtes, de pommes de terre... Il a cette manie, il range ses affaires, sur son bureau, peut-être trois fois dans l'heure, tu le verra ajuster la pile de son cahier, son livre, son agenda, bien sur le bord de la table, il tire la feuille de note de la pile avec précaution, il l'aligne bien, parallèle avec le bord du pupitre, il sort sa trousse, la pose, pareil, parallèle, sort le stylo, écrit quoi 3 mots, le remet dans la trousse, la referme, la range dans le sac, range la feuille dans la pochette, réajuste la pile de cahiers. Il a 12 ans, oui. Oui, sourd profond ; oh, il écrit très mal, tu sais comme c'est, il signe un peu. Et donc, l'autre jour, je faisais le cours sur les Dieux égyptiens, il fallait que je leur explique ce qu'étaient les religions. On a dérivé sur le thème de la vie après la mort ; et là, je le regardais, il se repliait sur lui, il avait l'air très mal, il allait pleurer. Je lui demande, qu'est-ce qu'il y a -il faut dire, ce gosse a pas eu de pot, au début de l'année, il a perdu son grand-père, sa grand-mère, un oncle ou une tante je crois, et les enterrements qui vont avec- ça ne va pas ? (Ce gosse est très angoissé par l'idée de la mort du coup, il m'avait raconté que plusieurs fois, la nuit, il se relevait pour vérifier que ses parents, sa soeur, étaient toujours vivants...) Et il me dit qu'il a très peur ; moi je lui répond que bien sûr, la mort, on en a tous peur, c'est normal, mais qu'on a une longue vie, que le temps où on va mourir, on est très vieux, on se sent très fatigué. Je lui demande ce qu'il pense qu'il y a après la mort, il me répond : "je sais pas..." Puis après, très vite, il dit : "...mais le psychologue lui il sait !" J'étais [mimique éberluée] alors il a refusé de rien dire d'autre de pourquoi le psychologue il savait. Bon. L'autre jour, je vois ma collègue qui s'occupe de lui aussi, je lui raconte, et elle me dit : "mais oui !" En fait, elle avait déjà parlé avec lui, de sa peur de la mort, et elle lui avait dit qu'il devrait demander un rendez-vous avec le psychologue. Le rapprochement logique : "le psychologue, lui, il sait !"

samedi

Dans ma Maison de Passe (air connu)

Depuis la fenêtre de ta maison, tu vois passer des gens, à pieds, à ch'val, en vélo, en voiture, en motocyclette, en triporteur, en solex, en tricycle, à dos d'éléphant, d'chameau, non, dromadaire -c'était un lama, et derrière lui, un clown sur un monocycle. Tu t'accoudes à la petite balustrade, et tu décides de regarder ce qui (se) passe. Tout déambule, il fait beau, bon, chaud, ceusses qui marchent ont l'air heureux, même le gamin efflanqué là-bas, même la mère flanquée, elle, de 5 mômes qui étouffent, ont faim, mal, soif, fait pipiiiii, même le bonhomme qui supporte sans flancher un bouquet de bégonias occupé à enrouler ses racines sur son poing, même (surtout) le flamboyant flanfaron et ses grandes enjambées, même l'amoureuse comme 2 ronds de flan face à sa montre, même la réclame pour flamby déchiquetée. Tu es une jolie cible à [bonjour !]s, bien encadrée, ton visage extatique, par les bords sombres de ta fenêtre ; alors de temps à autres, l'un lève le bras et l'agite de gauche à droite. Tu réponds au meussieu d'une façon analogue. Si c'est une madame, une mademoiselle jolie et légèrement chaussée, tu y adjoindra un sourire enjôleur aimable, quelques mots, un baiser ? Tout est possible. Tu pourrais courir, te viander dans les escaliers, sentir les regards des passants sur toi, mais enfin la rattraper juste avant qu'elle ne tourne au coin de la rue, par le coude, légère pression des doigts, elle se retournerait, et tu t'apercevrais, dans l'ordre, que :

  • tu n'étais pas sorti depuis 3 jours.
  • tu n'as pas dormi cette nuit.
  • ce t-shirt, tu le portais déjà il y a la dernière fois que tu as mangé des spaghetti, à la sauce tomate.
  • tu as besoin d'une douche.
  • c'est la femme de ta vie.

Soyons sérieux. Le clown en monocycle repasse mais dans l'autre sens cette fois. Tu te souviens, par ailleurs, que tu as une pile comme ça de linge à, just'ment, repasser. Tu te rappelles aussi que le fer, tout ce qu'il y a pas de plus moderne, que l'on nécessite généralement lorsqu'on est réduit à ce genre d'extrémités, est passé, lui, par ta fenêtre il y a 2 semaines. Tant pis. Il doit te rester quelques magazines à vite éplucher avant qu'ils ne recueillent des épluchures, sur la table basse. Tu n'allumeras pas la radio, qu'il est bon de penser à rien ! Tu t'allonges par terre sur le parquet pourri, dans une flaque de lumière. Tu n'as pas fermé ta fenêtre.

vendredi

Pendant ce temps, à Macondo, dans le caveau familial des Buendia, on fait la fète.
Les Aureliano font une farandole ; des mains joyeusement putréfiés, se lient à d'autres blanches, blanches comme des pains de sel. Les José Arcadio se sont regroupés autour de Melquiades, qui leur raconte une histoire en sanscrit ; personne parmi eux n'y entend goutte, mais ils ont l'éternité pour comprendre, alors bon. Et puis, le sanscrit, ça chante à l'oreille, ça se mèle bien aux accents essouflés d'un vieil acordéon aussi défoncé que la cage thoracique de son propriétaire, un cadavre hilare qui s'appelle Aureliano le second ; alors les femmes dansent. Aureliano Buendia, dans son costume militaire mité et moisi, fait danser Ursula, ou plutôt, il porte et fait tourner un petit paquet souriant qui fut jadis sa mère. Pietro Crespi regarde avec envie le squelette puissant de José Arcadio, qui mène celui, ratatiné, de Rebecca dans un tango torride et cliquetant. Remedios et Remedios la Belle entrechoquent leurs mâchoires, et perdent trois dents dans un langoureux baiser. Tous portent au cou un petit poisson d'or. José arcadio Buendia est parmi eux, ils ne savent pas trop où, voilà longtemps qu'il est parti en poussière. Le colonel Gerineldo Marquéz et Amaranta baisent enfin. On regrette que Pilar Ternera ne soit pas là.

Cent ans de solitude, Gabriel Garcia Màrquez - reliure de luxe hautement comestible chez Points

samedi

Mmmh...

Bon, je dois l'avouer, j'ai prémédité cette rencontre... Parce que ça faisait plusieurs fois que ton nom jouait au furet du bois mesdames dans ma tète, et, oh ! bien sûr, je passais devant toi mine de rien, pourtant toute curiosité et désir. Alors il a bien fallu que je me lance.
Comme on commence une relation : salut, ça va ? Anodins main-à-mains, regards distraits, sourires en coins, l'air de pas y toucher. Oui, surtout ne pas avouer sa faiblesse, pas encore, être un peu distante face à ton baratin ; pas emballée, petit rictus, l'air de pas y croire toujours.
Et puis, ce que tu pouvais baragouiner s'est mis à m'intéresser. Sacrément même. Je ne sais absolument pas comment tu as fait (toi et ta réthorique à la fois austère, rigoureuse, et boîteuse - un parler de femme, dirais-je), mais ces gens, qui revenaient dans ton discours, je me suis mise à les connaître mieux que moi-même. Mieux : à m'intéresser à eux plus qu'à moi-même, à les anticiper, à savoir quand avoir peur pour eux. Sans les avoir jamais rencontrés. Les bonshommes et petites bonnes femmes de ton théâtre bourgeois sont devenus mes amis intimes. Me les approprier sans devoir les connaître d'une autre manière qu'à travers toi, quelle autre sublime amitié peut être...?
Jamais je ne demandais des nouvelles de l'un ou de l'autre en particulier. J'attendais simplement, comme un petit enfant, un sourire devenu entendu et gourmand aux lèvres. Tu venais, tu me rendais mon sourire (le tien, si éthéré, en complète contradiction avec ton regard tantôt froid, tantôt perdu), et tu me parlais. D'eux. Comme je t'aimais. Comme j'aimais qu'ils soient là dans ta parole. Je me blotissai contre toi, ou tu venais tu lover sur mon ventre, à raconter et à écouter toujours. C'est sans couper le fil de ton récit qu'une nuit nous nous endormîmes l'un dans les bras de l'autre.
Il a bien fallu que ça s'arrête : c'était programmé dès le début. La ligne d'arrivée, comme une ligne d'horizon visible loin, bien loin, et qu'on atteint pourtant, sans s'en rendre compte. C'était ça. Nous, c'était fini. Mais eux... Ils sont restés.
Henri et Paule Perron, Anne, Nadine, et Robert Dubreuilh, Lambert, Vincent, Lewis Brogan, Scriassine, Josette, Lucie Belhomme...
Mes petits Mandarins. Tous, alignés, bien rangés, avec vos caractères, vos envies, vos manies, vos découragements, vos rages et vos désespoirs. Je suis contente de vous connaître. Je suis heureuse de savoir que vous êtes à portée de main.
Oui, tu es à portée de main, bien rangé sur l'étagère, il n'importe qu'à moi de te retrouver, et que tu les ressucite à nouveau, eux, pour moi. Merci.

Simone de Beauvoir, Les Mandarins - 2 superbes et sexy tomes en format poche, au papier délicieux.

lundi

Ton pied-de-nez te va si bien
C'est un aimable face-à-main
J'aime ton masque et ton visage
Tant que puis ôter au passage
Ton attirail et puis le sien
Las ! Tous deux blessent et n'y puis rien.

dimanche

Bizi douine notssingue

vendredi

Ceci est extrait d'un débat organisé par le journal "Philosophie", entre le candidat UMP Nicolas Sarkozy et le philosophe Michel Onfray.

M.Onfray : « Il y a beaucoup de choses que nous ne choisissons pas. Vous n'avez pas choisi votre sexualité parmi plusieurs formules, par exemple. Un pédophile non plus. Il n'a pas décidé un beau matin, parmi toutes les orientations sexuelles possibles, d'être attiré par les enfants. Pour autant on ne naît pas homosexuel, ni hétérosexuel, ni pédophile. Je pense que nous sommes façonnés non pas par nos gènes, mais par notre environnement, par les conditions familiales et socio-historiques dans lesquelles nous évoluons ».

N.Sarkozy : « Je ne suis puis d'accord avec vous. J'inclinerais, pour ma part, à penser qu'on naît pédophile, et c'est d'ailleurs un problème que nous ne sachions soigner cette pathologie. Il y a 1200 ou 1300 jeunes qui se suicident en France chaque année, ce n'est pas parce que leurs parents s'en sont mal occupés ! Mais parce que, génétiquement, ils avaient une fragilité, une douleur préalable. Prenez les fumeurs : certains développent un cancer, d'autres non. Les premiers ont une faiblesse physiologique héréditaire. Les circonstances ne font pas tout, la part de l'inné est immense ».

Propos complètement datés, et même faux scientifiquement parlant : quel généticien serait aujourd'hui en mesure de vous dire avec certitude "bon, alors là, tu vois, c'est ton gène du suicide" ?
Sans repentir, Sarko s'avoue donc partisan du déterminisme génétique. À y bien réfléchir, ce n'est pas une surprise. Souvenez-vous : qui est à l'origine de l'enrichissement du FNAEG (Fichier national automatisé des empreintes génétiques) ces dernières années ?
Depuis le 18 mars 2003, les infractions les plus banales (vol à l'étalage, tags...le soupçon même suffit parfois à justifier une convocation pour frottis buccal) sont passives de "fichage ADN". Et les sanctions encourues, en cas de refus, se sont considérablement durcies : jusqu'à 15000 € d'amende, et 1 an de prison ferme. La loi qui requiert tout cela porte le nom de son auteur : c'est la loi Sarkozy.
D'une idée à l'autre il n'y a qu'un pas : tous fichés, tous déterminés, il se trouvera bien un généticien marron dans le lot pour appuyer les dires d'un nouveau président... Après tout y'a bien des juifs antisémites...
Car il s'agit bien de cela : utiliser une pseudo-loi naturelle, pour construire et justifier un état où tout citoyen est un coupable potentiel.

À ce jour, le FNAEG contient 283 000 fiches, contre 2 100 en 2002.

Si le présidentiable en lui a tenté de se rattrapper aux branches (pourries), Nicolas Sarkozy ne renie pas son opinion :
« Quelle est la part de l'acquis et de l'inné ? Je me garderais bien de trancher. Quand je dis qu'un certain nombre de gens qui ont une souffrance en eux, une fragilité en eux, ce qui est une évidence, on me fait un procès en eugénisme. Tout cela n'a aucune importance. »

Non, absolument aucune importance...

Edit : hahaha dans 5 ans j'aurais 22ans et des brouettes.

dimanche

Les lumières s'éteignent, nous sommes mardi 03/04/07 au soir, j'attends la lecture, le spectacle, le théâtre.


Et puis le vieux poète monte sur scène, fatigué, usé jusqu'en ses trames ; vous savez, celui dont les vers ont rongé l'écorce du quotidien jusqu'à en dégager l'essentiel. Il est maintenant l'homme à l'aura, celui qui attire et pourtant n'a souvent qu'un sourire impuissant à offrir : quand on attend une infime part de sa cosmopolité, voyez comme il restera perplexe ; il vous dira : certes, je suis unique, mais vous l'êtes aussi, me trompé-je ?
Voilà, le poète posé, qui ne met plus d' "enfin !" dans ses phrases, parce qu'il sait qu'il aime et qu'il est seul, parce qu'il continue à écrire, mais serait plus confortable à dicter.

Et le fait est qu'il dicte, avec foi, avec force prophéties. Hein ?!

Oui.
Le jeune versificateur à l'exaltation tourmentée, qui vient du dehors, écrit, et veut des réponses ; le jeune aspire dans le premier délire jusqu'à recycler l'air que ce vieux monsieur expire ; le jeune veut la critique qui construit, tout en s'attendant avec un délicieux masochisme à un implacable démontage de ses vers de mirliton.

Correspondance qui s'équilibrera finalement, en virant l'idole et l'idolâtre, pour mettre en rapports deux êtres humains. Deux hommes aux solitudes finalement différentes. Mais conciliables. Qu'en gardons-nous ?

Rembobinons le dictaphone du poète fini après sa mort, et nous entendrons enfin ce qu'il a si terriblement asséné à l'encore neuf : l'amour de la vie, de la solitude, de l'instant et du moment. La Vie, dans sa totalité - rester actif, dans son acceptation.
Le Jeune Poète existe-t-il vraiment ? Où vont ces lettres d'espoir ? Ces vraies lettres d'amour ?

Les lumières se rallument. Les gens bougent à l'entour. Je suis assise n'importe comment sur mon fauteuil. Après un instant d'hébétude, je m'étire en tout sens comme une chatte.
J'ai eu un orgasme.

lundi

Pork Chop s.a.




samedi

De l'art du tout et son contraire...









6h à ne rien faire, ça ne se refuse pas... Petit aperçu d'une bonne définition de la locution ; "considérations oisives & oiseuses". C'est déjà ça.

jeudi

Meow Meow

mardi

Valérie sursauta, en plein milieu de la chaussée, et courut à la plus proche cabine téléphonique. De petites convulsions continuaient de parcourir ses membres, ses extrémités, alors qu'elle tapait presque violemment le numéro. Pourquoi n'y avait-elle pas pensé avant ?

"Allô ! Allô !"

Elle savait qu'elle parlait toute seule, à une sonnerie vide, mais comme toujours elle ne pouvait s'en empêcher.

"- Allo...

La voix languissante d'Eugénie lui parvint, avec comme un arrière-goût de sommeil.

- Eugénie !
Et c'était presque un hurlement suraigu, tant Valérie était soulagée qu'enfin on décrochât...

-Qu'est-ce qui te prend de m'appeler à une heure pareille... Il fait nuit noire.

-Ecoute, ici c'est encore l'été, tu sais, je suis en plein cagnard, il doit bientôt être midi d'ailleurs
- Elle eut un petit rire nerveux, sur le même mode aigu à vriller les tympans -
De toute façon, de toute façon, ifaut que tu m'écoutes, tout de suite, écoute, j'ai compris, ce n'était pas normal que ça se passe comme ça...

- Mais qu'est-ce que tu racontes ?

- Ce n'était pas normal ! Tu savais que ça allait trop vite, tu connaissais ces histoires, mais ça n'était pas à cause de ça, non !

- Valérie...
-Eugénie avait une voix vraiment très fatiguée-
Tu as encore bu. Tu sais ce que ça te fait d'habitude - mondieu heureusement que j'ai pensé à confisquer jusqu'à tes ciseaux à ongles...

- Non, Non, non, non, non, tu n'y es pas du tout ! Tu ne comprends pas, Tais-toi et laisse-moi dire un peu !

Eugénie en avait mal à l'oreille gauche. Il lui semblait que jamais cette folle n'avait grimpé si haut, avec tant d'urgence. Ce qui la décida à l'écouter.

- Voilà, voilà ce qui s'est passé !
-elle gueulait à présent-
Quand il s'est approché, quand tout cela est devenu pressant et imminent, tu as fait ce que tu savais faire, la seule chose : tu as fermé les yeux. Souviens-toi ! Tu les as fermés, oh !, à peine, face à la peur, quand tu n'aurais pu dire attends, tu as cligné des yeux. Tu es restée dans ta putain de logique du désespoir et de la résignation et du mensonge à toi-même ! Et ça a suffit, ça a suffit, bordel, tu as fermé les yeux, ça a tout fermé, tu m'entends, tout !

- Non. Tu me mens. Tais-toi, ça n'a pas de sens. Arrête de projeter tes névroses sur moi, je ne suis pas, je ne suis plus, ta chose
- elle avait parlé calmement, laissant à peine passer un sanglot sec.

- ...Ha ha hah ha hah ha ha ha...
-ce rire désarticulé, fou, qu'elle connaissait trop bien, retentissait à l'autre bout du fil -
Tu es déjà ta propre chose, ma vieille : tu as oublié qu'on est sur le même bateau, hein, ma salope préférée... ça fait trop longtemps que je suis là à attendre que tu veuilles me reconnaître. Si tu savais comme je les bénis, elle et lui, pour ce que tu t'es fait ! Suce ton pouce, croise et décroise tes jambes, mens à ton analyste autant que tu veux, maintenant on va pouvoir s'amuser, petite chérie... à tout bientôt...
-La voix eut un regain de contre-ut sifflant puis se tut.-
Eugénie était recroquevillée d'angoisse sur un fauteuil à bascule, à coté du téléphone jeté avec violence, et du dictionnaire médical grand ouvert - non, Valérie ne l'avait pas surprise dans son sommeil.
Article écrit à quatre mains, en collaboration avec mon hypocondre (organe baladeur), merci mon hypocondre.

samedi

Eugénie


mercredi

Thymie

Bonjour, se parler en commençant toutes ses phrases par Bonjour, j'ai dit Bon Jour ce jour à la souris peu morte dans son bac quand je lui ai transpercé les pattes sans l'expression de joie morbide que tu aurais eu, mais aussi sans le sourire de profonde commisération qui se serait dessiné sur ton visage à toi. Bonjour Bonjour. Vous savez qu'une très, très fine membrane contient tous nos organes, au-dessus de la cuvette du bassin ? Si on ne la perce pas, c'est d'ailleurs très propre, juste la peau écartée très finement veinée de rouge. Très propre, pas besoin de gants, d'ailleurs sa fourrure est encore douce. Très.


Trait
Bonjour(e), Ce rève c'était toi(e) dedans. Aussi incongru(e) que cela puisse paraître(e), c'est comme si je t'avais rencontré(e), reconnu(e-e+e), par le rève, comme si ce rève(e)(e)(e) t'avait donné une r(é)alité. Alors quand tu passes, p(e)ar ici, là, oh !, Bonjours à penser comme ça(e).


Heu
Bonjour, la feuille blanche ! L'amie vierge qui répond : "Bonjour, ça va ?" Et qui écoute la réponse, "non, pas trop, ça passe, et ça travaille, mercredi ce sera peut-être fini, mais enfin bon, ce genre de travaux, on sait quand ça commence..." Et toutes ces digressions (statut : digressant juvénile), elles les écoute, qu'importe l'encre du moment que c'est dit, mal, pour soi.
Majorité
Bonjour, j'imprime des lumières et des traces, des objets qui priment, d'autres qui s'effacent. Oh ! un mémoire une mise en abyme, tout cela rejoint la masse, mise en scène cacochyme, atmosphère de boudoir grasse - Maison de passe - Graine de Carême, carnaval en prime, mardi gras à la casse.
Thym
Bonjour, cet épisode où la Natacha est à l'opéra ce soir pour une première fois, et où elle finirait par ne plus distinguer la réalité de la fiction dans les yeux (à crever) d'Anatole - confusion dans la vie comme sur la scène où de grosses dame jouent les jeunes filles en fleurs, séduites par de gros messieurs/pâtres grecs à peine pubères. D'un acte à l'autre, tout paraît possible. Les gens passent la tète dans la loge, la belle Hélène Besoukhow dénude son dos, pourquoi ne pas aller la chatouiller, pourquoi ne pas bondir sur scène. Pourquoi Kouraguine est-il soudain si proche qu'il pourrait, Natacha, se pencher sur ton épaule nue et la baiser. Tout cela, tu le sais, est faux, pourtant d'enthousiasme te voilà portée par la foule vers la duperie, le blasphème, la première menstruation, le contact qui salit et qui fait mal.
Un instant

dimanche



Café bu au travers d'un sucre
C'est comme les leçons apprises sur un fond jazz
C'est comme l'étreinte en souvenir
C'est comme savoir faire quelquechose

Voilà c'qui s'répète
Dans la tète
Méandres oisives à la caféine

vendredi

Il en est (parfois) de ces choses. Desquelles tout dépend, tout découle, sans appartenir. Une colline sous la lune rouge. Un quai de gare. Une couleur vive. Des ongles peints en noir depuis qu'ils ont été coupés trop court. De la fumée d'origine indéterminée. Une phrase à la synthaxe approximative, mais à la sonorité captivante. Une impulsion électrique. Une odeur qui attache.
En-dehors, rien.
Voilà tout.
des choses à t'envoyer... mises de coté machinalement, qui ne sont pas de moi, machinalement, mais finalement voilà qu'on s'aperçoit que tout cela doit aller quelquepart.

mercredi

dans l'bayou y a pas d'cailloux

Oh.... toi qui as pénétré ma vie, tu t'es fait une petite place bien à toi contre mon ventre, entre mes seins, toi dont la seule résonnance suffit à me ravir, à m'ôter tout trouble, en n'importe quelle circonstance... Ta seule idée, seulement te savoir à mes cotés, tout près, même en pensée, m'éloigne de mon travail, de mes préocupations les plus urgentes, les plus futiles, les plus vitales mêmes. Toute petite présence rassurante... Oh mon... Toi à qui je donne tout bas de petits noms, toi qui est dessiné mille fois sous toutes les coutures sur des feuilles de brouillon et toujours raté, toi que je caresse doucement, à qui je sussure des chansons espiègles, pour qui j'improvise de minuscules rimes, toi que je tiens dans mes bras, éveillée jusqu'à tard dans la nuit, toi qui est la source de tant de jouissances nouvelles, toi à qui je pense, et que je souhaite rejoindre à chaque instant... toi que je quitte à contrecoeur à chaque fois...
Oui, je crois pouvoir dire que c'est toi qui m'a appris le plaisir.
Tu vois, tu observes les choses que je fais pour toi, tu sens quand je m'y prend mal avec toi, pas vrai ? Tu dois aussi te délécter de la jalousie qui me dévore le coeur, à te voir communier avec d'Autres, détestables Autres...

Et pourtant... déjà...tu le pressens, n'est-ce pas, je ne m'éloigne pas de toi, non... mais je commence...voici des choses en-dehors...j'en ai si honte...projeter (quel vilain mot) de te tromper (quel crime avec préméditation) m'est à la fois promesse de plaisirs nouveaux, légers, coupables, oui, et pensée odieuse, trahison véritable de Toi, toi qui me donne beaucoup, qui m'apporte tout... Cette affection qui rend niais ne me suffit plus, tu comprends ?
Promis, il sera beau, il sera robuste, il sera ton égal (mais d'une autre sorte, sinon où est le plaisir ?) Je ne le regarderais pas de la même façon que toi, oh non, impossible.
Et je vous présenterais, tu sais, et tu sauras qui il est, et vice-versa - et puis, tu sais aussi, LUI sera le jaloux dans la pièce. Vous aurez intérêt à bien vous entendre, hein ? Pas de regards en chien de fusil entre les deux qui partagent ma vie, mon esprit, ma chambre.
On sera pas bien, tous les trois ?

...

Si, ça se voit, tu fais la tète ! Dis, tu m'en veux pas au moins, mon ukulélé chéri ? Tu sais, ce banjo n'est rien pour moi, hein, promis ! Quoi ? Quelle enchère sur un banjolélé ? Tu fouilles dans mon espace ebay maintenant ? Maaaiis ça compte paas, il est juste en affaire à suivre, c'est pour m'amuser, rien de plus ! Tiens, je t'ai pas dit, bientôt je t'offre un ampli, rien que pour toi mon uku, mon uké, mon uke, je suis ta ukulélé lady à toi, pour toujours, promis promis, rien qu'à toi, mais oui comme tu es beau, viens donc dans mes bras...



Le premier qui dit : " cas soc' " ou " double énonciation " sera plongé, par les forces de l'obscurantisme et de tous les démons de la Terre, dans le néant le plus infini et total possible, au prix de location exhorbitant, aux voisins bruyants, mal situé, et à l'odeur pestilentielle (et dont le papier peint a une fâcheuse tendance à se décoller).

samedi

Définissons l'émotion comme la force qui entraîne le processus créatif. La création est alors comprise en tant qu'extériorisation, en vue d'une compréhension, du ressenti inintelligible : je me le représente, je me l'oppose, je le comprends, ou du moins le ressens avec plus de clarté. Ainsi, à partir d'un "choc émotif", comparable à l'impulsion électrique fournie à une réaction chimique afin de la hâter, le processus créatif se mettrait en marche, et dès lors génèrerait de lui-même sa propre énergie : le sentiment persistant après choc, se renouvelant même, pousse le sujet à se remettre sans fin en question ; et, comme on l'a vu, à créer, se créant, se représentant à lui-même, par l'étude, l'Art, ou tout autre procédé visant la synthèse.
(Mouais... mais est-ce qu'à retranscrire, étudier, reproduire les émotions humaines, on finit par les résumer à des tics ? Tour à tour mégalomanes, dans leur tour d'ivoire, ou simplement aigris, voici nos grands misanthropes. Paradoxal : "on" tire profit de ce que l'on haït (redoublement de haine, pensez-vous : être dépendant de l'ennemi), ou "on" se met à honnir petit à petit ce qui nous nourrit (de la même façon que l'ado qui tagge Anarchy4eva sur son Eastpack ?)
Ce sont des infâmes, des scélérats; je les abomine, je les maudis ; je me relèverai, la nuit, de mon cercueil pour les remaudire, car, enfin, mes amis, ai-je tort? Balzac
Ca leur plaira bien un jour. Beethoven
Freud et Jung se distinguants dans leur correspondance de la "canaille"... leurs patients et les Autres.)
La haine n'est qu'un exemple, parmi ceux possibles.
Dès lors, celui qui éprouve un besoin impérieux de création, qu'il assouvira sans cesse, sans (ou jusqu'à ce) que cette nécessité se tarisse, est un sujet en proie à un déséquilibre certain, à un niveau qu'il tente (parfois vainement) d'apréhender par son Art (ici l'on entendra par Art toute forme ou acte d'extériorisation, de publication). L'action de rendre public devient à la fois thérapie, et enganguement, guérison et entretien du sentiment (synthèse de sensation et d'émotion) responsable.
La forme (paroles, écriture, production pour moi et pour les autres d'images, de sons, élaboration et entretien de relations...) que prend l'expression importe peu si l'on se focalise sur son résultat. Mais elle est au contraire cruciale si l'on se penche sur son origine : l'activité exclusive sera nécessairement celle qui répondra le mieux au besoin ressenti, ou du moins tendra vers cette complétude par tatonnements. On remarque que le processus de création pur est ici partie intégrante de la construction personnelle.
Ainsi, le besoin d'acte de création qui entraîne publication, naît du sentiment soudain générateur de déséquilibre, et tend à une complétude retrouvée du sujet, à une meilleure apréhension de soi-même... mais pas nécessairement d'autrui.
Alors, cercle vicieux ou vertueux ?
Littérairement douteux

vendredi

Vrac

If I only had guts, I'd shave my head - But, well, I don't. Marie ou Marius ne peut pas se représenter les images : il ou elle a du mal à distinguer la réalité dans la représentation.

"C'est foutu... me suis dévoilée trop vite..." et elle remit sa boucle d'oreille (un anneau d'argent épais).

Heu... ce mot-rève de tricky girl... c'était un lapsus commun. C'est la seule chose que je voulais vraiment dire.

lundi

Deux

Bis

Je joue du banjo, assise par terre, adossée à mon lit. Pourtant je me dissimule petit à petit derrière mes cheveux. Ils tombent mèche par mèche devant mon visage et le manche du banjo sur lequel je suis coûteusement penchée, à vérifier les poses de mes doigts sur les cordes de métal. Mon coude est appuyé sur le corps du banjo, légèrement au-dessous de l'armrest en métal. Soudainement la peau du banjo se déforme en un point, puis se crève.

ce qui reste :


  • Au début, je me vois distinctement de l'extérieur comme depuis une caméra qui me filme en centrant sur moi et en se rapprochant.
  • Puis, dès que la peau tendue au-dessus du résonateur commence à se creuser, je réintègre un point de vue interne ; je suis alors paniquée, je tourne la tète vitement vers le corps du banjo.
  • Je ne sais pas si mes cheveux sont destinés à me cacher.
  • Je vois et sens avec précision chaque mèche de cheveux passer sur mon visage lorque je tourne brusquement la tète.
  • Sentiment de grande angoisse, peur panique, puis fatalité "cela devait arriver".

Au-dehors d'une salle de concert, Bercy peut-être, en haut des marches. Je suis dans une baignoire à moitié pleine d'eau chaude, avec mon ami(e) Z. Nous sommes face à face, j'ai les jambes repliées devant moi, et lui/elle assis(e) en tailleur. Nous parlons de choses et d'autres, en nous regardant de temps en temps dans les yeux. La conversation s'interrompt lorsque je me met à faire jouer mes pieds dans l'eau ; Lui/Elle baisse les yeux pour les contempler. Je m'allonge alors plus dans l'eau, tandis que lui/elle se met à doucement me caresser les pieds, avec beaucoup de précautions. Je regarde ses mains et ses lèvres, et le ciel très gris. Il fait froid, mais pas pour nous.

ce qui reste :

  • moi et Z. ne sommes ni nu(e)s ni déshabillé(e)s.
  • point de vue interne cette fois, avec toujours des mèches de cheveux dans le champ de vision.
  • sentiment de forte tendresse, qui paraît déplacé.
  • des gens passent autour, en s'arrêtant et s'attroupant parfois ; à la fin, la baignoire est entourée de personnes que je connais ou qui croient me connaître.

dimanche

"Parce qu'après tout, ceci est un blog" ou "bosse ou crève !"

5 choses que vous ignorez sur moi

  • J'ai envie de devenir une mamie tatouée et peau de vache qui emmène ses p'tits zenfants au punk-rock show.
  • J'aime faire courir des insectes sur ma peau (mais je n'aime pas, tout d'un coup, ne plus voir où ils sont passés).
  • Me déguiser est pour moi une évidence et un quotidien (si c'est pas du déguisement, c'est pas un vêtement).
  • Je préfère souvent revoir un film ou relire un livre (même tout bête) qui m'a plu qu'en regarder/lire un nouveau enregistré/emprunté spécialement et qui a l'air furieusement postmoderne.
  • J'ai déjà passé deux jours sans dire un mot.

osef

vendredi

tout d'suite



Une petite fille devant moi lit Voici en toussant - à son père qui s'inquiète de ses lectures elle dit mé ya des jeux.

Keske j'aime la façon dont les petites filles me regardent - même si certaines font les feminiatures elles se retournent toutes. Elles voient des bijoux des chaussures (à talons !) du maquillage des jeans et des jupes avec dedans des cuisses et des fesses, les pulls sont magiques ils font apparaître des seins dès la taille 36. Elles entr'ouvrent la bouche, rougissent comme à un premier rencard adolescent, dès fois elles gazouillent, et surtout elles pensent si fort qu'on voit une bulle au-dessus de leurs tètes, « keske je veux grandir ! » Keske tu veux des talons des creux des bosses des robes à froufrous une présence une prestance un homme.
Petites filles vous qui voulez l'american dream réglé tout d'suite maint'nant, vous qui croyez fort fort fort en la chirurgie esthétique et si peu en la croissance, vous qui voulez la jouissance en bien suprême, toujours insatisfaites princesses petites filles que le désir habite avant l'heure, le chouchou rose devient jarretière de fantaisie - vous grandirez pourtant et vous aurez un sexe, des boutons, des hommes, des femmes, de la légitimité peut-être (pas sûr), des choses à vous, des gros mots quotidiens, de la dentelle ailleurs qu'au col, comme ce sera bon, même de retomber en enfance, de vous gaver de fraises tagada dans votre appartement Ikea en vous disant tandis que votre amant remplit les factures : huhu je suis une petite fille.
Et vous aurez gravé des choses sur votre peau, comme c'est charmant, j'ai retrouvé le tutu de mes 5 ans, vous aurez de faux souvenirs de pureté dans la tète - parfois une nostalgie feinte te prend, tu soupires et pis t'as tes règles, logique.


Oui oui j'ai su rester une petite fille
La preuve
Ma tète est caprice sur mes épaules
Et quand une Femme passe dans la rue
Je me retourne pour la contempler
Keske t'es belle madame
C'est des vrais ?
J'peux toucher dis ?

Maintenant la petite fille (Elise aux dernières nouvelles) colorie la photo n&b topless de la pub lutte contre le cancer du sein et son père a un regard de coté géné.

dimanche

Beurk, des vers bien grouillants

Et mêmes pas originaux... ...Naaaïïce !

  • Les yeux dans les yeux
  • [restons face à face
  • Tandis que sous le
  • [pont du regard passe
  • L'onde lascive des
  • [tendresses - je... (rime facile à devinâsse)

Hypocrisis
Badinage artistique
Brode coud et Repique
Ton canevas narcissique
Toile de vent fantastique
Fleurs et chatons forniquent
Fière de ta rhétorique ?

Alors j'te dis des jolies choses
Tout c'qui me passe par la tète
Je te fais croire que je suis rose
-Peine perdue je suis violette

J'ai pas d'problèmes
J'ai pas d'douleur
Sauf l'âge qu'explique tout ça même
-T'es pas seule à avoir peur

J'ai honte -_-"
Du mieux plus tard

samedi

Je t'embrasse...
Yeux - un pantomime sentimental, parce que je ne sais pas quoi te dire, vite, vite, et pourtant je n'ai surtout pas envie de me creuser la tète, pas maintenant ; un jeu parce que c'est dur, parce que ça met mal à l'aise, parce que c'est un geste de théâtre ; un baiser des yeux parce que finalement je ne te regarde plus je ne te détaille plus - je te vois.
Je t'embrasse...
Dans un souffle quelque chose de scellé (?), bien sûr entre deux métros, dans un aller précis cette fois tous deux vers une même direction. Des angoisses dites, dégoupillées sur le moment, un banc perdu entre d'autres bancs comme nous entre d'autres destinations, stations, personnes ; une totale incertitude, cette impression de sentiments mixed-up - sensations, pensées - qui ne veut pas s'en aller. Un silence qui est goût, un goût qui est synthèse de ce que je ressens, un ressentir qui est confusion.
Je t'embrasse...
Ce vers est bon à dire ; il est doux, notre lèvre l'ose et déjà elle l'esquisse (la brûle, alors que sera-ce la chose ? c'est pas moi c'est Cyrano qui parle). Dit, entendu soufflé à l'oreille, il est encore plus délicieux qu'un ourson en guimauve et chocolat... que répondre à une si parfaite concision, à une parole qui ainsi se complète en elle-même et qui dit toute seule ce qu'elle est ? Rien, juste répéter, je te renvoie la tendresse en un souffle, en mêlant au geste le mot.
Je t'embrasse...
Je ne veux pas que ce soit mécanicotomatique de renvoyer un baiser par la parole ; je te veux l'écrire sur l'oreille avec mes lèvres, je veux te résumer tous ces pourquoi et ces comments avec des e, des m, des j, des b, des r, des s, des t, des a.




'Alors encore une fois je t'embrasse, t'envoie ma bouche à déguster dans ces mots. La tienne me manque. Encore une poignée de sable, quelques centaines d'heures... '
guest : un nimaro pour unelipa

mardi

Si je veux, je la raconte ma vie, d'abord !


Je suis petite, toute petite. Et comme c’est les vacances, je joue beaucoup (j’ai appris à faire de la corde à sauter sans tomber, et puis aussi à maîtriser ce drôle de jouet, une balle reliée à un cerceau qui tourne vite autour de la cheville). Je vais faire du vélo aussi, avec A, et puis A-S, et puis L. Là, ma maman me dit qu’elle a enregistré un conte de fées, alors je m’assois sur le fauteuil trop dur et trop grand et je regarde l’écran. (...)
Je ne comprends pas pourquoi Edward est si trop aimé, si mal aimé, à vrai dire je distingue à peine l'histoire derrière la brume du personnage ; je ne comprends pas pourquoi le vieil inventeur lit des limericks à un buste humécanique ; je ne comprends pas pourquoi la jeune fille, la vieille dame, danse dans les flocons ; je ne comprends pas pourquoi Edward ne peut pas la prendre dans ses bras ; et je ne comprends pas pourquoi c'est la fin, pourquoi ce n'est qu'une histoire. Alors quoi ?
Alors je pleure, comme jamais, meme mes bobos ne m'ont jamais fait si mal, je pleure comme une drole de petite madeleine, sans pouvoir m'arrèter, sans meme savoir pourquoi je pleure, je me force à arreter de pleurer et ça repart, tous ces mouchoirs à coté de moi ils s'entassent, et je ne me lève pas pour aller en chercher d'autres, juste je pleure, je suis pleine d'eau, il faut que ça sorte, je pleure pour beaucoup de fois, je pleure pour longtemps, c'est chaud c'est salé c'est doux, ça me fait du mal et du bien, je pleure parce que...parce que quoi ?
Depuis je me souviens avoir pleuré comme cela seulement deux fois, à des occasions particulières ; ces larmes d'apparat, je ne sais pas trop si elles sont bonnes ou mauvaises, mais elles coulent comme rien. Il est des moments où simplement couler est comme respirer, sans haleter ni gémir ni jouer de pathos, c'est vraiment un pleur bien littéraire, sans objet ou avec trop de raisons pour etre raisonnable. Un pleur sur rythme de bossa nova...un pleur de confusion des sensations et des sentiments.


Hum...depuis meme quand je suis... bien c'est cette émotion qui revient, en plus ténue, en plus douce, heureuse presque mais...?

jeudi

Deux -

- rèves

Je pose des questions à un professeur -dans une salle de classe vieillote- qui finit par me dire "bon, ça suffit", d'un ton ennuyé presque dégouté ; je me tais instantanément, je repense mes questions, je les trouve inutiles - je ne sens la présence des autres élèves autour de moi qu'après l'interdiction professorale.

indices :

  • la salle de classe est mélange d'une salle d'histoire ou de physique-chimie de lycée, et d'une salle de classe d'école primaire.
  • réminiscence d'une scène de collège, en cours de français je donne toutes les réponses pour une classe de 30 élèves, la prof finit par ignorer mes interventions.
  • je ne sais pas vraiment si le professeur répond à mes questions, il me semble qu'il n'interrompt pas un instant le débit monotone (comme un grésillement) de son cours magistral.

Sur une petite place de Paris, plusieurs inconnu(e)s m'abordent en anglais ; je leur répond du tac au tac - je ne sais pas s'il demandent des renseignements ou des choses personnelles. Avec moi, témoins de la scène, deux ami(e)s X et Y sont médusés.

indices :

  • cette place est dans la rue richelieu, il y a un monument dédié à molière, on a déjà vu quelqu'un s'y casser la djeule assez misérablement.
  • sentiment de m'observer depuis l'extérieur de mon corps, je n'ai pas souvenance de ce qui m'est dit et de ce que je répond.
  • réminiscence, un matin à la BN un londonien dingue m'aborde en me disant que je suis qu'une sale gothic qui écoute marylin manson, s'ensuit une conversation folle et sans intéret.
  • un des passants anglais porte un chapeau haut-de-forme, un peu comme celui de l'homme-spectacle du Petit Prince.
  • un(e ?) des passant(e ?)s a les cheveux très bouclés.