dimanche

Les lumières s'éteignent, nous sommes mardi 03/04/07 au soir, j'attends la lecture, le spectacle, le théâtre.


Et puis le vieux poète monte sur scène, fatigué, usé jusqu'en ses trames ; vous savez, celui dont les vers ont rongé l'écorce du quotidien jusqu'à en dégager l'essentiel. Il est maintenant l'homme à l'aura, celui qui attire et pourtant n'a souvent qu'un sourire impuissant à offrir : quand on attend une infime part de sa cosmopolité, voyez comme il restera perplexe ; il vous dira : certes, je suis unique, mais vous l'êtes aussi, me trompé-je ?
Voilà, le poète posé, qui ne met plus d' "enfin !" dans ses phrases, parce qu'il sait qu'il aime et qu'il est seul, parce qu'il continue à écrire, mais serait plus confortable à dicter.

Et le fait est qu'il dicte, avec foi, avec force prophéties. Hein ?!

Oui.
Le jeune versificateur à l'exaltation tourmentée, qui vient du dehors, écrit, et veut des réponses ; le jeune aspire dans le premier délire jusqu'à recycler l'air que ce vieux monsieur expire ; le jeune veut la critique qui construit, tout en s'attendant avec un délicieux masochisme à un implacable démontage de ses vers de mirliton.

Correspondance qui s'équilibrera finalement, en virant l'idole et l'idolâtre, pour mettre en rapports deux êtres humains. Deux hommes aux solitudes finalement différentes. Mais conciliables. Qu'en gardons-nous ?

Rembobinons le dictaphone du poète fini après sa mort, et nous entendrons enfin ce qu'il a si terriblement asséné à l'encore neuf : l'amour de la vie, de la solitude, de l'instant et du moment. La Vie, dans sa totalité - rester actif, dans son acceptation.
Le Jeune Poète existe-t-il vraiment ? Où vont ces lettres d'espoir ? Ces vraies lettres d'amour ?

Les lumières se rallument. Les gens bougent à l'entour. Je suis assise n'importe comment sur mon fauteuil. Après un instant d'hébétude, je m'étire en tout sens comme une chatte.
J'ai eu un orgasme.

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