lundi

Mange, mange, mange, tu sais pas qui te mangera, et si t'as encore faim, mange donc ta main et garde l'autre pour demain -et surtout mâche bien... n'est-on pas ce que l'on mange ?
Réfléchis, tu attrapes à pleines mains (pleines fourchettées), goûte, déchire... Ce que tu inclus en toi devient toi ; tu construis tes chairs vives avec celles mortes d'autrui, qui s'est retrouvé dans ton assiette, la faute à pas d'chance.
Mais alors...
Quelle est le devenir, dans la meme logique, du son qui pénètre en toi, parfois à ton insu ? Sens ton corps qui en résonne, n'est-ce pas toi qui vibre à l'unisson ? Et cette image qui bouge, n'est-elle pas happée par ton oeil avide de stimulations ?

Et alors !

Et alors que devient le mot ! Et alors que devient le mot ? Le mot est comme toute ces choses à la fois, il goute, tient en bouche, est âpre, doux, amer, sucré, acide, on le dit avec les lèvres, la langue, on le gargarise. Mot aussi l'écho d'une image, qui devient sorte de verre rempli d'un liquide subtil, éthéré, évasif, dont la quantité est calculée minutieusement, et que l'on choque un instant. Et est mot ce tintement.
Boire cet éther ? Une sensation, un frisson qui le temps d'y penser passe, et que digèrent esprit et corps mélés.

Bon appétit.

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