vendredi

Pendant ce temps, à Macondo, dans le caveau familial des Buendia, on fait la fète.
Les Aureliano font une farandole ; des mains joyeusement putréfiés, se lient à d'autres blanches, blanches comme des pains de sel. Les José Arcadio se sont regroupés autour de Melquiades, qui leur raconte une histoire en sanscrit ; personne parmi eux n'y entend goutte, mais ils ont l'éternité pour comprendre, alors bon. Et puis, le sanscrit, ça chante à l'oreille, ça se mèle bien aux accents essouflés d'un vieil acordéon aussi défoncé que la cage thoracique de son propriétaire, un cadavre hilare qui s'appelle Aureliano le second ; alors les femmes dansent. Aureliano Buendia, dans son costume militaire mité et moisi, fait danser Ursula, ou plutôt, il porte et fait tourner un petit paquet souriant qui fut jadis sa mère. Pietro Crespi regarde avec envie le squelette puissant de José Arcadio, qui mène celui, ratatiné, de Rebecca dans un tango torride et cliquetant. Remedios et Remedios la Belle entrechoquent leurs mâchoires, et perdent trois dents dans un langoureux baiser. Tous portent au cou un petit poisson d'or. José arcadio Buendia est parmi eux, ils ne savent pas trop où, voilà longtemps qu'il est parti en poussière. Le colonel Gerineldo Marquéz et Amaranta baisent enfin. On regrette que Pilar Ternera ne soit pas là.

Cent ans de solitude, Gabriel Garcia Màrquez - reliure de luxe hautement comestible chez Points

1 commentaire:

Pauline Lebiadkine a dit…

ça vous dit, les 5 prochaines années dans le caveau familial des Buendia ?