samedi

Définissons l'émotion comme la force qui entraîne le processus créatif. La création est alors comprise en tant qu'extériorisation, en vue d'une compréhension, du ressenti inintelligible : je me le représente, je me l'oppose, je le comprends, ou du moins le ressens avec plus de clarté. Ainsi, à partir d'un "choc émotif", comparable à l'impulsion électrique fournie à une réaction chimique afin de la hâter, le processus créatif se mettrait en marche, et dès lors génèrerait de lui-même sa propre énergie : le sentiment persistant après choc, se renouvelant même, pousse le sujet à se remettre sans fin en question ; et, comme on l'a vu, à créer, se créant, se représentant à lui-même, par l'étude, l'Art, ou tout autre procédé visant la synthèse.
(Mouais... mais est-ce qu'à retranscrire, étudier, reproduire les émotions humaines, on finit par les résumer à des tics ? Tour à tour mégalomanes, dans leur tour d'ivoire, ou simplement aigris, voici nos grands misanthropes. Paradoxal : "on" tire profit de ce que l'on haït (redoublement de haine, pensez-vous : être dépendant de l'ennemi), ou "on" se met à honnir petit à petit ce qui nous nourrit (de la même façon que l'ado qui tagge Anarchy4eva sur son Eastpack ?)
Ce sont des infâmes, des scélérats; je les abomine, je les maudis ; je me relèverai, la nuit, de mon cercueil pour les remaudire, car, enfin, mes amis, ai-je tort? Balzac
Ca leur plaira bien un jour. Beethoven
Freud et Jung se distinguants dans leur correspondance de la "canaille"... leurs patients et les Autres.)
La haine n'est qu'un exemple, parmi ceux possibles.
Dès lors, celui qui éprouve un besoin impérieux de création, qu'il assouvira sans cesse, sans (ou jusqu'à ce) que cette nécessité se tarisse, est un sujet en proie à un déséquilibre certain, à un niveau qu'il tente (parfois vainement) d'apréhender par son Art (ici l'on entendra par Art toute forme ou acte d'extériorisation, de publication). L'action de rendre public devient à la fois thérapie, et enganguement, guérison et entretien du sentiment (synthèse de sensation et d'émotion) responsable.
La forme (paroles, écriture, production pour moi et pour les autres d'images, de sons, élaboration et entretien de relations...) que prend l'expression importe peu si l'on se focalise sur son résultat. Mais elle est au contraire cruciale si l'on se penche sur son origine : l'activité exclusive sera nécessairement celle qui répondra le mieux au besoin ressenti, ou du moins tendra vers cette complétude par tatonnements. On remarque que le processus de création pur est ici partie intégrante de la construction personnelle.
Ainsi, le besoin d'acte de création qui entraîne publication, naît du sentiment soudain générateur de déséquilibre, et tend à une complétude retrouvée du sujet, à une meilleure apréhension de soi-même... mais pas nécessairement d'autrui.
Alors, cercle vicieux ou vertueux ?
Littérairement douteux

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